Pas à pas vers l'exploit Kilimandjaro

Une grimpeuse défie le plus haut sommet d'Afrique et sa maladie la sclérose en plaques

Chaque pas est une victoire. A quasi 6000m d’altitude, cela prend tout son sens, c’est l’histoire de Camille, passionnée de chevaux, cavalière et devenue professionnelle dans l’art de la voltige équestre qui décide avec 25 autres courageux (dont 10 en situation de handicap ou vivant avec une maladie chronique) de relever le défi : une ascension inspirante, le Kilimandjaro. Résilience, volonté, force mentale et physique… Camille - lauréate 2025 des Trophées Aventure Hustive x ITESOFT - se dévoile. 

ITESOFT : Qui es-tu Camille ? Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Camille : Je suis une amoureuse des chevaux et une passionnée de sport. Les deux ont toujours été présents dans ma vie. Je côtoie les chevaux depuis l’âge de 4 ans. J'ai pratiqué de nombreuses activités sportives : aviron, water-polo, judo, crossfit, course à pied, renforcement musculaire.

Je vis avec la maladie de la sclérose en plaques depuis 16 ans. A l'époque, je commençais ma formation de voltigeuse à cheval. Aujourd'hui je suis cavalière voltigeuse, conductrice poids-lourd, monteuse de chapiteaux. Tout ce qu'on m'a conseillé d'arrêter à l'annonce du diagnostic de ma maladie. Bref, j’adore les défis !

Quel défi incroyable tu viens de relever au profit d’une ONG (NDRL : la fondation des amis de l'école de Port Reitz/Friends of Port Reitz school)  ?  

Camille : Nous sommes partis pour une marche caritative vers le sommet du Kilimandjaro à 5895m. C’était une aventure incroyable, extraordinaire et collective au profit de la fondation des amis de l’école de Port Reitz*. Quel bonheur de grimper et d'avancer tous ensemble. Quelle ascension !! Il y a eu des temps forts, de la fatigue, de l'entraide, des fous rires, des nuits froides...

* Les Amis de l’école de port Reitz récoltent des fonds afin de venir en aide à l'école de Port Reitz située à Mombassa, au Kenya.

Tu as vécu l’ascension Kilimandjaro davantage comme une aventure collective que comme un challenge sportif ?

Camille : Oui, je dirai une aventure collective avant tout. J'ai rencontré des personnes merveilleuses au travers de cette ascension. Tout ça a été rendu possible grâce à nos équipes de porteurs et guides… 83 personnes dévouées, toujours de bonne humeur, attentives, à l'écoute, et très efficaces dans cette ascension.

Qu’est ce qui a été le plus challengeant dans cette ascension ? 

Camille : S'adapter à un rythme de randonnée qui n’est pas le nôtre à la base, oui ça été compliqué au début. Un challenge dans le challenge. Le paysage change très rapidement, les températures aussi. C'est une adaptation permanente. Nous passons de la forêt équatoriale en short et débardeur à une végétation de plus en plus pauvre ; les températures baissent vites et nous avançons ainsi vers un paysage de plus en plus lunaire... Nous traversons des steppes le 4^e jour jusqu'à Kibo, avec un silence absolu et soudainement presque plus de végétation. Le jour du sommet, nous partons en tenue de ski, chaufferettes dans les mains, crampons dans nos sacs. Quelle excitation de partir sur le toit de l'Afrique.
 

Quelles difficultés as-tu rencontré ?

Camille : Je suis partie malade. Et ça été ma première difficulté. Le premier jour, je n'avais qu'une envie c'était d'aller me coucher. Je ne pouvais rien manger. J’avançais comme je pouvais. Et puis le Kilimandjaro, ça vous apprend à vous adapter au circuit tout terrain : fort dénivelé, terrain accidenté, route enneigée, de jour comme nuit… L’ascension en altitude sur l’un des versants les plus hauts du monde, c’est rarement un long fleuve tranquille (rires). Les guides, nous disaient d'aller « polé polé », c'est à dire tranquillement. On s’acclimate, on découvre les paysages dingues de la Tanzanie…De plus, les changements de terrain, de dénivelés et de rythmes fatiguent beaucoup.

Une surprise t’attendait à l’issue d’une étape du Kilimandjaro. Peux-tu nous raconter ?

Oui ! Je suis tellement contente d’avoir fêté mon anniversaire dans ce cadre somptueux de la Tanzanie. Sur la route du sommet, à 3720m, j’ai eu la chance de découvrir qu’une surprise m’attendait. Le groupe de guides, porteurs et grimpeurs avait préparé un repas de fête d’anniversaire. C’était très touchant. Le cuisinier a même réussi l'exploit de faire un gâteau à 3720m d'altitude. Nous avons eu la chance d'apprendre la chanson « joyeux anniversaire » en langue des signes, grâce à Fadili, un ami grimpeur sourd.

Géraud, quelle a été ta réaction quand le groupe a franchi la dernière étape de l’ascension ? Géraud Paillot est fondateur de l’association Aventure Hustive. Il travaille avec les équipes d’ITESOFT pour l’appel à projets Les trophées Aventure Hustive x ITESOFT. 

Géraud : Quelle fierté ! C’est une aventure exceptionnelle !! Je suis très heureux pour Camille et l’équipée fabuleuse des 83 porteurs, guides, accompagnateurs qui ont réussi à encourager et aider les personnes en situation de handicap et/ou atteintes de maladies chroniques à se hisser au sommet. Ce sont des personnes d’une humanité incroyable qui ont su soutenir les grimpeurs tout au long de l’ascension et porter les surcharges. 
 

Quelle a été ton émotion de voir cette équipe handi-valide gravir le Kilimandjaro ?

Géraud : Une énorme émotion. Je connais Camille, elle est incroyable ! Elle a développé un mental à toute épreuve. Et le mental est un des points clés de ce type de défi. Elle a su le développer lors de son parcours et c’est ce qui lui a aussi permis de se transcender. Ce défi relevé, l’ascension du Kilimandjaro, est une formidable illustration de la résilience que Camille incarne parfaitement avec son parcours.

J’ai suivi leur exploit à distance et depuis WhatsApp. Il faut imaginer toute la difficulté pour les personnes atteintes de maladie chronique, comme la sclérose en plaques, de surmonter la fatigue, le froid, les douleurs, les muscles qui ne répondent plus… Et je sais de quoi je parle.

Je suis admiratif de son exploit. Félicitations Camille !! Bravo aux 10 autres personnes en situation de handicap qui ont relevé ce challenge et à toute l’équipe qui les a accompagnés.
 

Cette aventure, c’est un peu à l’image des Trophées Aventure Hustive dont ITESOFT est le mécène principal ? 

Géraud : Complémentarité handi-valide, entraide et dynamique de groupe pour aller au bout de ses rêves… C’est une ascension qui est à l’image des Trophées Aventure Hustive avec un défi en équipe et en lien avec le sport et/ou une activité physique adaptée. La gestion du mental et des émotions est par ailleurs indispensable pour réaliser ces projets et aussi bien gérer l’équilibre de sa vie personnelle et professionnelle. C’est encore plus le cas quand on est confronté à des maladies chroniques ou handicap qui rajoutent une charge mentale forte au quotidien.